« Mokusastsu », ou comment une erreur de traduction a tué des millions de personnes

Julien Abadie, journaliste chez Slate.fr, s’est plongé dans les archives pour nous expliquer comment une simple erreur de traduction a plongé le Japon dans une tragédie historique.

Le 2 septembre 1945, le Japon signe son acte de capitulation, meurtri par les deux bombes nucléaires qui ont ravagé Hiroshima et Nagasaki en août. Mais tout a, en réalité, basculé quelques mois auparavant.

Pour en finir avec la guerre du Pacifique, les Alliés avaient pour projet de lancer un immense débarquement terrestre, l’« Opération Downfall », prévu le 1er novembre. Voulant laisser une chance au pays nippon, les Alliés avaient alors envoyé une demande de reddition. Le Japon, souhaitant gagner du temps, avait choisi de répondre de façon ambiguë par le terme « Mokusatsu », qui peut avoir deux sens : « Ignorer avec mépris » ou « Sans commentaire ». C’est malheureusement la première interprétation qui a été choisie par les Forces américaines, même si les Japonais affirmeront ultérieurement (mais trop tard) que leur réponse indiquait l’absence de commentaire.

Cette erreur d’interprétation, portant sur un terme pourtant choisi avec soin par les plus hauts diplomates japonais, eut une influence considérable sur les choix du Président Truman concernant la suite des événements. En effet, il fut alors considéré que le pays du Soleil Levant était fermé à la discussion et qu’il ne servait à rien d’attendre. Une attaque à la bombe atomique fut donc organisée, au lieu du débarquement terrestre initialement prévu le 1er novembre.

Slate conclut très justement : « L’Histoire est émaillée d’erreurs de traduction aux conséquences diplomatiques plus ou moins graves. Mais jamais, avant ‘Mokusatsu’, un quiproquo n’était devenu casus belli. »

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